À la fin de l’automne 2009, le processus de création d’un fonds s’est mis en branle… Le but n’était pas uniquement d’honorer la mémoire de mon fils unique, bien que ce seul fait soit sans contredit des plus importants… En fait, mon but découle de ce dernier. Mon fils étant d’une nature très généreuse de sa personne tout au long de sa trop courte vie, il fallait que je trouve un moyen de lui permettre de poursuivre son œuvre auprès de la jeunesse qu’il aimait tout particulièrement.
Dès son adolescence, il a mis son talent au profit de l’amélioration des services aux jeunes de sa municipalité, Saint-Jean-Port-Joli : organisation de hockey intérieur, implantation de la Maison les jeunes Patriotes où il a par la suite œuvré à titre de travailleur de rue, éclairage du terrain de balle-molle, etc. Dès qu’il fut en âge, il a été assistant-moniteur au camp de jour du Domaine de Gaspé, pour y être moniteur par la suite et y revenir en tant que directeur à l’été 1998. Il a également été accompagnateur-chauffeur pour un jeune en très grande difficulté de Bellechasse. Tout au long de ses expériences de travail, et même dans ses loisirs, il cherchait toujours une façon toute particulière d’entrer en relation avec les jeunes les plus difficiles d’approche. Et il y parvenait toujours, soit par le biais de la musique, du sport ou simplement par une écoute attentive. Il a choisi de se consacrer à ces jeunes en étudiant en Techniques de loisirs au Cégep de Rivière-du-Loup, études qui le passionnaient par-dessus tout!
Même au moment de l’accident tragique, il offrait son écoute à son passager à la recherche de sa place en tant qu’individu à part entière, et à qui mon fils confiait justement à quel point il aimait la vie, à quel point elle était belle, la vie… Surtout à 22 ans! Voilà ma plus grande fierté! Même si nous n’étions pas riches, mon fils était devenu un être profondément heureux, malgré toutes les embûches qui ont jalonné son parcours, que ce soit à Québec, Saint-Jean-Port-Joli ou Rivière-du-Loup… Fière de le voir si présent à autrui. Fière de constater qu’il savait que l’argent n’est pas gage du bonheur, mais que l’ici et maintenant compte davantage dans la balance. La jeunesse, pour lui, valait la peine qu’on s’y investisse corps et âme pour permettre à chaque jeune de trouver SA propre voie de réalisation, et ce, malgré nos différences… La création d’un Fonds voué à cet objectif est ce moyen permettant de continuer, à travers les âges, d’aider la jeunesse, et ce, même au-delà de nos existences propres…
Jérôme Bell, cofondateur du Fonds, et Monique Michaud, mère de Nathaniel
C’est donc ainsi que ce fonds fut élaboré, avec la grande et précieuse collaboration de Centraide Québec et ChaudièreAppalaches. Il vise à soutenir divers organismes favorisant l’expression de la jeunesse. À titre d’exemple, pensons à Mères et Monde, au Centre jeunesse de Québec, aux maisons de jeunes, tout particulièrement celle de Saint-Jean-Port-Joli, etc.
La pauvreté prive bien des jeunes d’expériences enrichissantes leur permettant de se découvrir des passions, des talents. Mais la pauvreté des relations interpersonnelles, bien souvent, confine la jeunesse entre des murs de béton, dont il est parfois difficile de trouver la brèche lui permettant enfin d’exprimer son véritable potentiel et d’avancer vers la découverte du bonheur…
En terminant, je ne peux passer sous silence son choix de faire le don ultime, soit le don d’organes… Il voulait continuer d’aider les autres au-delà de sa propre existence…
Monique Michaud
Cofondatrice du Fonds SVP – Nathaniel Michaud