Prendre soin de nos aînés grâce au Fonds d’urgence de Centraide
Mars 2020 – Avec la crise de la COVID-19 qui sévit, des milliers d’aînés se retrouvent isolés, sans possibilité d’aller à l’épicerie, et vivent des moments d’angoisse. À La Baratte, des gens attentionnés veillent sur eux et leur livrent de bons petits plats cuisinés. Le directeur général de l’organisme communautaire, Stéphane Paradis, se démène chaque jour avec ses employés et son équipe de bénévoles pour s’assurer qu’ils ne manquent de rien. Avec les demandes d’aide qui explosent, son organisme est au bord du gouffre. Grâce à l’aide financière du Fonds d’urgence de Centraide, La Baratte peut sortir la tête hors de l’eau et poursuivre sa mission.
Depuis deux semaines, les journées sont intenses pour Stéphane Paradis. Le téléphone ne dérougit pas. Les aînés qui ont besoin des services de la popote roulante ont presque doublé et les demandes pour de l’aide alimentaire d’urgence ont triplé.
« Quand la crise a commencé, c’était la folie furieuse ici. En trois jours, l’équipe s’est épuisée. Nous avons fermé nos portes pendant deux jours pour reprendre un peu d’air frais. À notre retour, nous avons adopté une série d’actions pour assurer le service et mettre en place des mesures de sécurité au niveau des cuisines. »
Le directeur général de l’organisme qui a pignon sur rue dans le quartier Sainte-Foy doit composer avec le départ de plusieurs bénévoles, la plupart ayant plus de 70 ans. Heureusement, de bons samaritains sont venus en renfort. Ces précieuses ressources préparent la nourriture en cuisine et transportent les plats préparés aux aînés, aux personnes qui ne peuvent se déplacer, qui sont en perte d’autonomie ou qui ont des problèmes de santé mentale.
Bien plus qu’une aide alimentaire
En ces temps de confinement, les services offerts par La Baratte sont essentiels et vitaux pour ces personnes vulnérables. Avec la popote roulante, les bénévoles s’assurent que les utilisateurs vont bien et gardent le moral. Ils ne le font plus en personne, comme c’était le cas avant le coronavirus. Pour éviter tout risque de contagion, ils accrochent le repas à leur porte. Ils prennent des nouvelles par téléphone, en appelant la personne directement ou leurs proches aidants.
Stéphane Paradis est bien conscient de l’importance de son organisme qui apporte bien plus que de l’aide alimentaire. « Nos utilisateurs vivent une grande inquiétude et beaucoup d’anxiété. On est un point d’ancrage. D’avoir un repas chaque jour, c’est très rassurant pour eux. » Les petites attentions sont fréquentent. Les bénéficiaires auront un dessert chocolaté à Pâques et quand c’est leur anniversaire, ils ont un dessert spécial. Les gens de La Baratte se soucient de leur bonheur, même en temps de crise.
Santé financière précaire
Avant même que la crise de la COVID-19 ne se déclenche, les finances de la Baratte n’allaient pas très bien. Avec la crise, c’est encore pire. L’organisme a dû mettre fin à son service de traiteur qui lui rapportait quelques milliers de dollars chaque mois.
À cela s’ajoutent des demandes d’aide alimentaire d’urgence qui ont triplé et des demandes pour la popote roulante qui ont presque doublé. Les besoins affluent de partout. Des jeunes, des aînés, des familles, des travailleurs au chômage, des restaurateurs à la rue, des nouveaux arrivants, il y a même des gens de Portneuf et de Sainte-Anne-de-Beaupré qui ont fait appel à leurs services.
L’organisme a décidé d’assouplir ses règles pour venir en aide à un plus grand nombre de personnes dans le besoin. Alors qu’habituellement le dépannage alimentaire d’urgence n’est possible qu’une seule fois, cette règle a été modifiée et permet que le service soit offert à plus d’une reprise.
Et l’aide alimentaire ne se limite plus aux gens du secteur de Sainte-Foy. L’organisme communautaire a fait appel à un service de livraison externe pour livrer les repas partout, même à l’extérieur de la ville de Québec. Mais cet ajout représente des frais supplémentaires.
Malgré les dettes qui s’accumulent, le directeur général n’a pas l’intention de baisser les bras. « Peu importe nos finances, nous sommes essentiels, on ne peut pas fermer. On se bat tous les jours pour rester ouverts. Il y a des gens qui comptent sur nous. »
L’aide précieuse du Fonds d’urgence de Centraide
L’annonce du Fonds d’urgence communautaire de Centraide Québec et Chaudière-Appalaches est apparue comme un baume pour Stéphane Paradis. L’organisation philanthropique a fait appel à la générosité de ses partenaires d’affaires et du public pour amasser de l’argent pour aider les organismes communautaires à faire face à la crise.
La Baratte a fait sa demande d’aide financière et son appel à l’aide a été entendu. Un peu plus de 32 000$ ont été versés, de quoi assurer la survie de l’organisme en cette période difficile. « Ç’a été hyper rapide, simple et flexible. Cet argent va aller dans l’estomac des gens. »
L’aide ponctuelle servira à acheter des denrées, à payer le salaire de l’employé qui a été ajouté en cuisine pour répondre aux demandes alimentaires croissantes ainsi qu’à défrayer le service de livraison externe.
Le directeur général est plus que reconnaissant de l’aide accordée. « Ce que j’apprécie de Centraide, c’est la culture de s’adapter, de comprendre notre réalité et d’agir avec empathie avec le milieu communautaire. Centraide a su se relever les manches en rassemblant ses partenaires pour créer ce Fonds d’urgence. »
Prendre soin de son monde
Alors que les journées filent à toute vitesse et qu’il doit composer avec des gens en détresse, comment Stéphane Paradis fait-il pour garder le fort? Il pense à tout le bien-être qu’il sème autour de lui, avec l’aide d’une équipe entièrement dévouée à la cause.
« Je suis réellement choyé, j’ai de super collègues. Les employés et les bénévoles ont un niveau d’engagement, un dévouement qui est admirable. Ce sont eux qui me nourrissent. Comment pourrais-je ne pas bien aller et dire que ça ne me tente pas de continuer? »
Celui qui dirige La Baratte depuis bientôt trois ans admet faire preuve d’une grande vigilance envers ses sept employés, afin que personne ne tombe au combat. « Chaque jour, on prend du temps pour s’informer de tout le monde. C’est un marathon dans lequel on s’est engagé. Si on sent que quelqu’un faiblit, on lui donne une demi-journée de congé pour éviter un épuisement. »
Un filet social essentiel
Malgré les nombreux défis de gestion, il ne fait aucun doute pour lui qu’il est au bon endroit. « J’ai l’impression d’être à la bonne place au bon moment, j’ai le sentiment du devoir accompli. C’est pour ça que je suis dans le communautaire, c’est ça qui me nourrit. On ne laisse tomber personne et c’est gratifiant. »
Il estime que sans l’apport des organismes communautaires, notre filet social aurait de graves lacunes, surtout en ces temps difficiles. « Avec des organismes comme La Baratte, le Café Rencontre du Centre-Ville ou le Pignon bleu qui vient de rouvrir ses portes, Centraide et tous les autres organismes, on garde le flambeau et la flamme est bien allumée. »
Nos aînés, notre richesse
Quand on lui demande quel avenir il voit pour La Baratte, il avoue ouvertement avoir certaines inquiétudes. Mais il est bien déterminé à tout mettre en oeuvre afin que l’organisme qui célèbre ses 20 ans soit encore dans le paysage pour les vingt prochaines années. Il a aussi une pensée pour nos aînés, ceux pour qui la COVID-19 représente un réel danger et qui doivent s’isoler et se couper du monde extérieur.
« La situation actuelle nous fait prendre conscience de l’importance de nos aînés, ils font partie de nous. C’est d’eux dont je me soucie le plus actuellement. Mon souhait, c’est que les gens tirent des leçons de cette crise, qu’on se préoccupe davantage de nos aînés. C’est notre histoire, notre richesse