S’occuper de sa santé mentale en temps de COVID-19, pas un luxe!
Depuis le début de la crise, des organismes que nous soutenons redoublent d’efforts pour apporter du réconfort aux personnes qui vivent de l’anxiété. La filiale de Québec de l’Association canadienne pour la santé mentale est l’un de ceux-là. Sa directrice générale, Monique Boniewski, a travaillé sans relâche avec son équipe et ses bénévoles afin que la ligne d’écoute téléphonique de l’association soit maintenue. Rencontre avec une femme qui prône l’importance de prendre soin de notre santé mentale, autant que de notre santé physique.
Monique Boniewski dirige la filiale de Québec de l’Association canadienne pour la santé mentale depuis 2005. Détentrice d’une maîtrise en orientation et d’un baccalauréat en psychologie, elle œuvre au sein du milieu communautaire depuis plus de trente ans. Pour cette formatrice, intervenante, conférencière et animatrice d’ateliers psychosociaux, ce qui l’intéresse, c’est aider les autres à se sentir mieux dans leur corps et dans leur tête.
Évidemment, la période difficile que nous traversons affecte bon nombre de personnes et met à rude épreuve les plus anxieuses ou celles qui ont des problèmes de santé mentale. La DG en est bien consciente. C’est la raison pour laquelle elle a réuni toute son équipe dès le début de la crise pour s’assurer d’offrir le plus de services possible, même en temps de confinement.
Une ligne d’écoute qui fait du bien
Dès la mi-mars, Monique Boniewski a tout de suite compris que la ligne d’écoute téléphonique qui était en place devait continuer d’exister. « Comme il y a plusieurs organismes communautaires qui ont dû fermer leurs portes, on voulait s’assurer que notre ligne d’écoute allait être fonctionnelle. »
Pour y arriver, il a fallu mettre les bénévoles dans le coup. « On a tout de suite pensé à adapter la ligne d’écoute téléphonique, afin que les bénévoles puissent remplir leur rôle à partir de leur maison. Ç’a été tout un défi d’installer ce service pour tous nos bénévoles. Il fallait s’assurer que chacun puisse être seul chez lui, dans un contexte de confidentialité. Ça nous a demandé beaucoup de travail et un investissement supplémentaire en temps et en argent. »
Actuellement, une trentaine de bénévoles sont à l’œuvre. Les gens qui ont besoin de soutien peuvent appeler au 418-529-1899. Ce service d’écoute téléphonique est offert gratuitement, 24h sur 24, tous les jours. « Les gens qui nous appellent, c’est parce que leur stress et leur anxiété a augmenté avec la COVID-19. C’est un peu comme avant le passage à l’an 2000 qui a généré beaucoup d’anxiété, ou encore quand c’est la période des fêtes qui arrive. »
L’aide précieuse de Centraide
Si l’organisme peut offrir un tel service d’écoute téléphonique gratuit, c’est grâce à l’aide de Centraide Québec et Chaudière-Appalaches. « La majorité des services que nous offrons sont gratuits à l’association. Si nous n’avions pas l’aide financière de Centraide, on ne pourrait pas faire ça. »
La directrice générale compte solliciter une fois de plus l’aide de l’organisation philanthropique pour défrayer les coûts supplémentaires pour maintenir le service d’écoute téléphonique, malgré le coronavirus.
Une demande sera adressée au Fonds d’urgence de Centraide prochainement. « C’est juste de la gratitude que j’éprouve envers Centraide qui a mis sur pied le Fonds d’urgence. Centraide a toujours eu une position de respect des organismes communautaires et ça s’accorde bien avec la vision que nous avons. »
Des cafés-rencontres virtuels pour briser l’isolement
On peut dire que la filiale de Québec de l’Association canadienne pour la santé mentale a su s’adapter et être créative. Les intervenants ont mis sur pied un nouveau service gratuit de cafés-rencontres virtuels. « Le but c’est de briser l’isolement des gens parce que l’isolement social est un facteur de risque pour la santé mentale et physique. On veut permettre aux gens de discuter entre eux, avec des animateurs. Ce n’est pas une conférence où les participants font juste écouter. »
Les lundi et jeudi, à 13h30, les participants inscrits peuvent échanger sur leurs préoccupations du moment, en petit groupe de huit personnes, sur la plateforme de vidéoconférence Zoom. Solitude, stress lié au confinement, insomnie, difficultés relationnelles en temps de pandémie, différents thèmes sont abordés.
Visiblement, les cafés-rencontres virtuels répondent à un besoin bien réel puisqu’ils ont déjà leurs adeptes et ils gagnent en popularité. D’autres rendez-vous en ligne pourraient même être ajoutés. « Tant qu’il y aura des mesures de confinement et tant qu’il va y avoir de la demande, ils vont continuer d’exister. »
Du réel au virtuel pour les ateliers de groupe
Autre changement majeur pour l’organisme, le passage des ateliers de groupes du réel au virtuel. Encore une fois, Monique Boniewski et son équipe ne voulaient laisser tomber personne. Les gens qui souffrent de dépression qui fréquentent leurs groupes d’entraide ont pu continuer à se voir de façon virtuelle. Même scénario pour ceux qui font partie de l’atelier Vivre sa vie pleinement, qui s’adresse aux personnes qui veulent apprendre à surmonter les tracas du quotidien.
En temps de COVID, les aléas de la vie peuvent paraître encore plus insurmontables pour certaines personnes. La DG anime certains de ces groupes virtuels et elle est à même de le constater.
« Ce qui était difficile avant la crise s’est exacerbé, c’est encore plus difficile pendant la crise. Celui qui ne va pas bien avant la crise, il va aller encore moins bien, même chose pour les relations de couple qui battent de l’aile. C’est très confrontant puisque les gens n’ont plus d’espace pour s’échapper, que ce soit au travail, dans les loisirs, dans le sport ou chez des amis. Quand il n’y a plus d’issue, le conflit s’intensifie. »
La magie des ateliers de groupes, même virtuels
Mais le fait d’en parler à d’autres dédramatise bien des situations. C’est là tout le bénéfice des discussions de groupe, selon l’intervenante. « Je suis impressionnée par toutes les stratégies que les gens sont capables de mettre en place pour bien vivre, même en temps de pandémie. Il y a une participante qui trouvait difficile de ne plus pouvoir pratiquer ses activités physiques. Elle disait que de faire des choses plus zen la fatiguait! Finalement, elle dépense son énergie en travaillant sur son terrain. Le fait de parler de ce genre de situations, ça permet aux autres de puiser dans ces stratégies gagnantes. En même temps, ça augmente leur estime de soi. Il y a quelque chose de magique à travailler en groupe. »
Des histoires de réussites personnelles
Monique Boniewski est si fière des histoires de réussite personnelle qui résultent des ateliers de groupe qu’elle anime. « Il y a des gens qu’on voit arriver la tête entre les deux jambes. Au début, ils viennent à contrecœur. Finalement, ils se sortent de leur dépression et ils entament des changements importants dans leur vie. Ils changent de travail ou ils osent prendre des décisions par rapport à des conjoints avec qui ça ne va plus. On a la chance de les voir évoluer, ils repartent les yeux pétillants. »
Il y a aussi des liens qui se créent au fil des rencontres, certains s’organisent des activités entre eux. La DG se souvient d’une relation d’amitié entre un participant de 18 ans et une enseignante à la retraite. Pour elle, ces liens sont précieux et sont la preuve que les situations difficiles que nous traversons peuvent amener du positif si on prend le temps de s’en occuper. « Il y a une forme de soutien entre les participants qui s’installe, je regarde ça et je trouve ça fantastique. Comme animatrice, c’est impressionnant de voir ça. »
Semaine de la santé mentale
Celle qui dirige l’organisme profite de l’occasion de la Semaine nationale de la santé mentale, qui se déroule du 4 au 10 mai, pour rappeler l’importance de s’occuper de soi, encore plus en temps de confinement.
« J’ai toujours cru à la promotion de la santé mentale et la COVID-19 nous oblige à y réfléchir davantage. Il y a des actions qu’on peut prendre, comme avoir un bon réseau social, apprendre à gérer son stress et développer une bonne estime de soi. Notre santé mentale, c’est comme la santé physique, il faut y faire attention. »
À ceux qui s’interrogent à savoir comment prendre soin de leur santé mentale, elle y va de quelques questions que l’on peut se poser. « Est-ce qu’on s’accorde du temps entre amis, en Facetime par exemple, est-ce qu’on prend du temps pour soi-même, pour se faire plaisir ou pour se détendre en faisant une sieste ou du yoga. Toutes ces choses sont bonnes pour notre santé mentale. »