Mariloup et les « Anges de Beaupré »
On peut dire de Mariloup Nadeau qu’elle est une battante, car la vie n’a pas toujours été tendre avec elle. Atteinte d’une dystrophie musculaire sévère, elle ne peut occuper un emploi. Elle doit aussi composer avec un choc post-traumatique lié aux années passées avec un conjoint violent qui lui a fait vivre l’enfer. Elle a trouvé le courage de le dénoncer et il a écopé d’une sentence de 11 ans de prison, c’est dire l’ampleur de ce qu’elle a dû endurer.
Aujourd’hui, à 32 ans, ça va mieux. Mère de trois enfants et enceinte de son quatrième, elle a refait sa vie à Beaupré avec un nouveau conjoint. Elle a repris pied grâce aux « Anges de Beaupré », c’est ainsi qu’elle surnomme affectueusement les intervenants de Ressources familiales Côte-de-Beaupré et Alternative jeunesse Mont-Sainte-Anne, deux organismes soutenus par Centraide Québec et Chaudière-Appalaches.
Un travailleur de rue comme ange gardien
Mariloup remercie le ciel chaque jour d’avoir placé Martin Pouliot sur sa route. Martin est travailleur de rue chez Alternative jeunesse Mont-Sainte-Anne, Tag pour les intimes. Leur rencontre a été déterminante pour la jeune femme qui venait tout juste d’emménager à Beaupré, avec ses trois enfants et son conjoint. À l’époque, Mariloup traversait une période difficile et elle était déprimée. Ses tracas financiers minaient son moral. « À ma première rencontre, il m’a mise à l’aise. J’étais tellement gênée de demander de l’aide, j’avais honte. Il a écouté mon histoire, il voulait savoir qui j’étais. »
Son histoire, c’est celle d’une mère qui est prête à remuer ciel et terre pour assurer l’essentiel à ses trois garçons de onze ans, trois ans et deux ans et son conjoint qui souffre de problèmes cardiaques. Comme le couple est inapte à l’emploi, les revenus tirés de l’aide sociale sont loin de suffire. L’intervenant de TAG l’a mise en contact avec l’organisme Ressources familiales Côte-de-Beaupré. Elle y trouve une aide alimentaire chaque mois, une cuisine collective pour concocter des repas à petits prix en bonne compagnie, et aussi du soutien et du réconfort pour faire face aux aléas de la vie. « Ça m’a apaisée, ça m’a enlevé un poids sur le cœur. »
Du bénévolat pour aider les autres
L’envie d’aider les autres s’est fait sentir peu à peu. Mariloup s’implique bénévolement pour les deux organismes communautaires qui lui ont tendu la main. Chaque mois, elle donne un coup de main au volet épicerie de Ressources familiales Côte-de-Beaupré. Les personnes à faible revenu du secteur ont droit à un panier d’épicerie mensuellement. C’est Mariloup qui place la nourriture sur les tablettes et qui s’assure que les produits soient distribués de façon équitable aux cinquante familles dans le besoin. C’est sa façon à elle de dire merci et de se sentir utile.
Elle donne aussi de son temps chez TAG. Tous les jeudis, elle va au local des travailleurs de rue et discute avec les jeunes et les moins jeunes qui fréquentent l’organisme. TAG offre de l’aide et de l’accompagnement aux personnes qui vivent des situations difficiles sur la Côte-de-Beaupré.
Le communautaire, sa deuxième famille
Mariloup l’admet d’emblée, elle s’est toujours sentie rejetée par sa famille, hormis ses parents. « J’ai toujours été la fille à part qui a des problèmes. Mais quand je fais du bénévolat chez Ressources familiales Côte-de-Beaupré, je peux être moi-même, je ne me sens pas jugée. »
Même constat chez TAG. « Quand je discute avec les jeunes et les travailleurs de rue, ça me fait du bien et mes enfants voient une maman souriante. » Elle y a même développé de belles relations d’amitié. L’un des jeunes de 21 ans qui a une déficience intellectuelle est devenu l’un de ses bons amis et celui de ses enfants. Et que dire des activités offertes par TAG dont elle raffole, comme ces dîners pizza où ils sont parfois une quarantaine à passer du bon temps autour de la table. Elle se sent appréciée, c’est un peu comme sa deuxième famille. Pour elle, ces deux organismes sont essentiels et valent la peine d’être soutenus par Centraide.
Du yogourt et des steaks
Dans ses désirs les plus fous, ce ne sont pas les voyages dans une contrée lointaine qui nourrissent l’imaginaire de Mariloup, ses rêves sont bien plus terre à terre. Elle rêve du jour où ses quatre enfants ouvriront le frigo et qu’ils pourront manger du yogourt, un produit de luxe qu’elle peut rarement se permettre. Idem pour les steaks. « Je rêve de ne plus avoir de problèmes financiers, de vivre bien, d’avoir envie de manger un steak et de pouvoir aller l’acheter. Ça crée tellement de stress. »
Malgré les embûches sur sa route, Mariloup garde espoir pour l’avenir de ses petits. « Mes enfants, c’est mon combat de tous les jours, ils sont toute ma vie. Je veux qu’ils ne manquent de rien, qu’ils s’épanouissent dans un environnement stable et qu’ils soient heureux. » Les anges de Beaupré ne comptent pas les laisser tomber.