De grande brûlée à bénévole dévouée pour FLAM
La vie de Lise Desmeules a basculé le 31 juillet 1979. Alors qu’elle passe du bon temps en famille au camping, un souper à la fondue tourne au drame. Le contenu du petit brûleur est déversé accidentellement sur son corps. Elle est transportée d’urgence à l’hôpital pour des brûlures au premier, deuxième et troisième degré. Elle devra subir trois greffes de peau à l’hôpital l’Enfant-Jésus de Québec.
C’est à sa sortie de l’hôpital qu’elle prend conscience de la gravité de l’accident. « J’ai été bien soignée. Mais c’est quand on sort que ce n’est pas un cadeau. Psychologiquement, ça n’allait pas. J’avais 40 ans et je me disais que je ne pourrais plus mettre mon beau petit linge et que je ne serais plus capable de faire ce que j’aime. »
Lise ne dort pas beaucoup, mange peu et se sent bien seule. Malgré toute la bonne volonté de son tendre époux Jean-Claude, son moral était au plus bas. Elle commence à faire des crises d’angoisse.
La petite étincelle d’espoir est apparue trois ans plus tard, quand l’Association des grands brûlés FLAM a vu le jour à Québec, tout près de l’hôpital l’Enfant-Jésus. La fondatrice de l’organisme communautaire, soeur Marie Dionne, l’a prise sous son aile. « À la première réunion, j’ai rencontré une dizaine de grands brûlés. Ça m’a fait du bien parce qu’avant ça, je n’étais pas capable d’en parler. J’avais eu trop mal. »
Le goût d’aider les autres
Au fil des rencontres avec des gens qui ont vécu la même chose qu’elle, Lise prend du mieux. Tellement qu’au bout d’un an, elle a envie d’aider les autres à son tour. C’est ainsi qu’elle commence à donner des conférences dans les écoles et à faire du bénévolat auprès des grands brûlés.
Le plus beau dans cette histoire, c’est que son époux Jean-Claude l’a toujours soutenue et accompagnée tout au long du processus de guérison. Il s’est même impliqué avec elle dans son bénévolat. Ça fait 36 ans que Lise et Jean-Claude sèment de l’espoir autour d’eux. Toutes les deux semaines, ils servent du café et apportent un peu de réconfort aux grands brûlés hospitalisés à l’Enfant-Jésus.
Des rencontres marquantes
Il y a des moments plus marquants que d’autres quand on aide ses pairs à voir la lumière au bout du tunnel. Lise se souviendra toujours de cette jeune fille brûlée à 90% de son corps qui lui demandait de lui tenir la main pour ne pas être seule, alors que sa famille vivait à Baie-Saint-Paul. Elle est morte six mois plus tard. Jean-Claude se souvient avec nostalgie de deux grands brûlés devenus aveugles. Les deux hommes qu’il a côtoyés à l’hôpital avaient un moral de fer et beaucoup d’humour malgré l’épreuve qu’ils traversaient. De beaux exemples de courage et de détermination qui les motivent, encore aujourd’hui, à l’âge de 79 ans et 76 ans, à s’impliquer auprès de FLAM et des grands brûlés.
Après 36 ans d’existence, l’Association des grands brûlés FLAM compte 500 membres. Lise est persuadée que l’organisme communautaire, qui est soutenu par Centraide Québec et Chaudière-Appalaches, est essentiel. Elle y trouve même un sens à l’épreuve qu’elle a vécue. « Je me le demande encore aujourd’hui pourquoi j’ai été brûlée. Mais quand je vois toute l’aide que j’apporte, ça a un bon côté. On peut aider parce qu’on sait ce que les autres vivent. »
Les bienfaits du bénévolat
Aujourd’hui, Lise est en pleine forme. La gêne d’exposer son corps brûlé a disparu. La preuve, c’est qu’elle a recommencé à pratiquer son sport préféré, la natation. Ça faisait 25 ans qu’elle ne se baignait plus. Son beau Jean-Claude aussi a recommencé à nager avec elle. Il avait arrêté de le faire pour ne pas lui faire de peine. Jean-Claude est fier du chemin parcouru à faire du bénévolat avec sa douce moitié. « Ça nous valorise. On a plus de facilité à faire face aux problèmes de la vie. On sent que nous sommes de meilleures personnes. » Quant à Lise, elle a l’intention d’œuvrer encore longtemps aux côtés des grands brûlés, avec l’aide de son Jean-Claude. « C’est notre vie le bénévolat avec les grands brûlés. C’est notre famille. Tant que le Bon Dieu va vouloir, on va continuer. Toujours ensemble. »