La crise climatique accentue plusieurs inégalités sociales et les solutions pour y lutter ne peuvent plus être pensées isolément : un souci environnemental doit se manifester dans toutes nos actions pour agir efficacement sur les inégalités, et vice-versa.
Le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste (ComPop) et le Comité des citoyen.nes du quartier Saint-Sauveur (CCCQSS) l’ont compris et font tous les efforts pour améliorer la qualité de vie dans leur quartier respectif.
« Il faut par exemple faire attention à l’écogentrification, soulève Vincent Baillargeon, permanent au ComPop. Il ne faut pas qu’en ajoutant de la verdure, il y ait une augmentation des prix de logement qui pousse la population actuelle à déménager. »
Cet employé dévoué fait en effet remarquer que bien que l’écoconstruction ou les toits verts soient des idées géniales, ils augmentent souvent massivement le coût d’un projet. « C’est certain qu’on aimerait construire ou rénover des logements sociaux avec ce type d’initiatives, mais les budgets sont déjà difficiles à avoir… »
L’ensemble de la communauté doit aussi demeurer centrale dans les réflexions, selon l’animateur-coordonnateur du CCCQSS, Guillaume Béliveau-Côté. « Planter un arbre dans une cour arrière, c’est bien, mais il faut aussi chercher à poser des actions qui auront des impacts collectifs. »
« Il ne faut pas juste un panneau »
Lorsque l’on souhaite diminuer la vitesse des voitures dans un quartier, une pancarte de limite à 30 km/h n’est pas la seule chose à faire. On construit des avancées de trottoirs, on installe des dos d’âne, on instaure des sens uniques…
C’est la même chose avec la lutte aux changements climatiques : on doit mettre en place une diversité de moyens pour offrir des environnements sains, sécuritaires et attrayants à la communauté.
Pour diminuer les îlots de chaleur dans Saint-Sauveur, l’augmentation de la canopée est primordiale. Mais pour ajouter de la verdure dans un quartier si condensé, il faut repenser sa configuration.
« En réduisant la place de l’auto, nous pourrions dépaver des stationnements pour y planter des arbres, diminuer les difficultés de déplacement comme le sont les poteaux d’Hydro sur les trottoirs et transformer des rues en “cour résidentielle collective” », explique Guillaume Béliveau-Côté.
D’ailleurs, les différentes populations du quartier sont mises en relation dans le cadre de ce projet de transformation. Qu’attendent les jeunes de ce lieu de rencontre? De quoi ont besoin les hommes en situation d’itinérance pour réellement s’approprier ce nouvel environnement? Comment peut-on aménager l’espace pour qu’une popote roulante puisse y accéder?
En consultant directement les membres des organismes du quartier, le CCCQSS tente donc de répondre aux besoins de tous et toutes puisqu’il sait que l’entièreté de la communauté en ressortira gagnante.
Vincent Baillargeon va dans le même sens. « Le ComPop collabore beaucoup avec d’autres organismes comme la Maison des jeunes du quartier ou le Centre Famille Haute-Ville. Ça permet d’échanger sur les luttes à venir et d’avoir une vision plus large des craintes de chacun de nos membres. »
Multitude de solutions
La justice climatique passe également par des mesures bien plus larges que le nettoyage de rivières, la plantation d’arbres et le dépavage de stationnement, bien que ces actions soient loin d’être négligeables. Des organismes comme le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste existent pour faire le lien entre les différentes luttes.
« En se mobilisant pour une augmentation du salaire minimum, on lutte pour la justice climatique. Tu t’occupes de la fin du mois avant la fin du monde! » lance Vincent Baillargeon.
D’ailleurs, il remarque que la pandémie a poussé un plus grand nombre de gens à se mobiliser. « Quand tu as une augmentation de 10 $ sur ton loyer, mais que tu étais déjà à 0 $ d’épargne à la fin du mois, tu contestes plus! »
Il remarque aussi que le confinement a mis en lumière les nombreux problèmes d’isolation et de l’étroitesse du foyer pour la famille entière.
Transports collectifs et actifs
Les quartiers Saint-Sauveur et Saint-Jean-Baptiste partagent des visions communes concernant le transport. Une hausse des rues partagées, où l’automobile est acceptée, mais où la priorité va aux piétons et aux cyclistes, est dans les plans.
Un embellissement des rues par la verdure est aussi le bienvenu. « Quand ton logement dépasse des sommets de chaleur, il est intéressant d’avoir la chance d’avoir un peu d’air frais directement au pied de ton immeuble », souligne Guillaume Béliveau-Côté. Il sait aussi que des voies de circulation plus vertes améliorent le potentiel piétonnier des quartiers.
Cependant, le quartier de la Basse-Ville se distingue de Saint-Jean-Baptiste par la limite de connexions de transport en commun. Pourtant, l’amélioration de la desserte est cruciale pour une meilleure égalité entre les quartiers et pour répondre aux réels besoins des Saint-Sauverois·e·s. « Le CCCQSS va continuer de travailler pour faire entendre la voix de leurs membres. »
Centraide en soutien
Selon Guillaume Béliveau-Côté, Centraide permet justement à son comité, comme à de nombreux autres organismes, d’accompagner les citoyen·ne·s dans leurs démarches. « Le financement à la mission permet de faire un travail en amont plus que nécessaire. »
Le ComPop appuie ces propos en affirmant que ce type de financement permet de mettre l’accent sur la participation citoyenne, d’avoir des impacts collectifs très larges.
« Centraide Québec et Chaudière-Appalaches offre une visibilité aux organismes associés qu’ils ne seraient pas en mesure d’obtenir autrement. Que ce soit dans la lutte aux changements climatiques ou dans toutes les autres crises sociales, Centraide a définitivement un rôle à jouer », commente Vincent Baillargeon.
Le soutien financier et l’accompagnement offert par Centraide ne permettent peut-être pas de régler les changements climatiques, mais « des actions à microéchelle permettent d’aider nos citoyen·ne·s et d’atteindre petit à petit une meilleure justice climatique », conclut le représentant du CCCQSS. Un organisme à la fois, un quartier à la fois, une ville à la fois : Centraide agit pour une justice climatique.