Jacques Dumont, alias Monsieur Bonheur!
Si le bonheur avait un visage, ce serait peut-être celui de Jacques Dumont. Quand on l’aperçoit au Café rencontre du centre-ville où il travaille, avec son large sourire, difficile d’imaginer qu’il a eu un parcours semé d’embûches. Le directeur des opérations de l’organisme communautaire l’admet d’emblée: même si la vie n’a pas été tendre avec lui, c’est un résilient. Il a choisi d’être heureux et de donner tout son amour aux plus démunis.
Jacques est issu d’une famille dysfonctionnelle, fruit d’une histoire d’amour passagère entre une mère et un père alcoolique. Il a été placé en famille d’accueil à l’âge de 6 mois. Les familles d’accueil se sont succédé les unes après les autres. « Aucune n’était bonne. J’ai été battu, enfermé, privé de nourriture. J’ai subi des sévices physiques et psychologiques toute mon enfance. À 6 ans, je me suis demandé qu’est-ce que je faisais sur la terre. »
C’est à l’âge de 9 ans qu’il a commencé à faire les mauvais choix. Il volait dans les dépanneurs. « C’était un cri du cœur pour être aimé. Je n’avais jamais connu la tendresse. » À l’adolescence, il jette aussi son désespoir dans l’alcool.
Les choses se compliquent à 18 ans, lorsqu’il écope d’une première peine de prison pour vol. Les allers-retours en prison se succèdent. S’ensuit une descente aux enfers alors qu’il découvre les drogues dures, comme la cocaïne.
À l’aube de la trentaine, épuisé par tant d’années de galère, un déclic se fait en lui pendant son séjour en prison. « Il était 3h du matin et je hurlais dans ma cellule. Ça n’allait plus entre mes deux oreilles. Je savais dans mon cœur que ce que je faisais n’était pas correct. J’ai plié les genoux et je me suis mis à prier. J’ai demandé au Seigneur : si tu existes et tu me sors de prison, je vais me réhabiliter. » Il a tenu promesse. Il a suivi une thérapie de 19 mois et n’a plus jamais retouché à l’alcool et aux drogues.
C’est à partir de ce moment que le Jacques qu’on connaît aujourd’hui a pris son envol, avec cette envie d’aider les autres. Il a été embauché au centre où il a suivi sa thérapie, il s’est marié avec sa belle Brigitte, avec qui il vit depuis 25 ans, et il a été approché par le Café rencontre du centre-ville. Il y travaille depuis plus de 20 ans. « Je fais le plus beau métier du monde. C’est ma vie le Café rencontre! »
L’organisme communautaire de la rue Saint-Joseph a servi 51 000 repas l’an dernier, en plus d’offrir une foule de services aux gens dans le besoin : friperie, aide aux devoirs, ateliers-conférences, groupes de croissance. « La mission de l’organisme, c’est de redresser la vie des gens et leur donner espoir. Si une personne dans l’année s’en sort, c’est une réussite totale. »
Et Jacques en a vu des gens s’en sortir. Il se souvient d’un homme en situation d’itinérance qui est revenu au Café un jour en lui disant : « C’est toi qui as pris soin de moi, tu m’as donné à manger, tu m’as trouvé une place pour dormir. Aujourd’hui, je suis intervenant dans un centre de réhabilitation et je vais me marier. »
Jacques Dumont est bien conscient du rôle de Centraide Québec et Chaudière-Appalaches pour les organismes communautaires comme le sien. « On est vos mains, Centraide est notre portefeuille. Centraide est un incontournable. On ne pourrait pas faire ce qu’on fait avec autant d’efficacité. Il y aurait une lourdeur dans nos finances. »
Celui que tout le monde surnomme affectueusement Monsieur Bonheur au Café rencontre compte bien poursuivre sa mission encore longtemps. « Je vais continuer ce que je fais de mieux : aimer les gens comme ils sont. »