Un fonds Centraide à la mémoire de sa mère
Diane Bélanger aime se rappeler le doux souvenir de sa mère, Marie Bélanger, un petit bout de femme de 5 pieds qui a consacré sa vie à prendre soin de sa famille et à aider les autres. Une maman dévouée issue de la classe ouvrière, qui a vécu dans des conditions modestes. Elle a tout de même réussi à économiser quinze mille dollars pour offrir un legs à ses trois filles. C’est ainsi qu’à la mort de sa mère en 1992, Diane Bélanger s’est retrouvée avec un montant de cinq mille dollars. « À l’époque, j’étais en train de rénover ma cuisine. Je me suis dit, je ne veux pas mettre 5000 $ dans un four micro-ondes et un nouveau plancher. Je voulais faire quelque chose de significatif avec les économies d’une vie. »
De fil en aiguille, Diane a eu vent de la possibilité de créer un fonds personnalisé chez Centraide Québec et Chaudière-Appalaches. C’est ainsi que le fonds SVP Marie-Bélanger est né en 2005. Avec ce fonds, elle peut choisir les organismes de lutte à la pauvreté à qui elle veut donner et 80% du rendement annuel leur est redistribué, tandis que l’autre 20% est remis en capital. Ça veut donc dire que le fonds ne mourra jamais. C’est justement ce que Diane voulait, perpétuer la mémoire de sa défunte mère. « J’ai eu la chance d’avoir une mère extraordinaire qui m’a laissé en héritage le désir d’aider les autres. Je voulais que le fonds porte son nom parce que c’est elle l’exemple, c’est elle le modèle. Avec ce fonds, j’espère transmettre ses valeurs philanthropiques à travers les générations. »
Diane Bélanger ne s’est pas contentée de placer le legs de sa mère. Encore aujourd’hui, elle met tout en oeuvre pour qu’il fructifie d’année en année. Toutes les occasions sont bonnes pour amasser des dons auprès de ses amis et de ses connaissances. Elle l’avoue elle-même, elle en a beaucoup! Elle a longtemps travaillé dans le domaine de la publicité et des communications. Quand elle les invite à souper et qu’ils veulent la remercier, ils lui remettent un petit 20$ pour son fonds. Même son conjoint est mis à contribution au quotidien. « Je repasse ses chemises. Quand j’en repasse cinq, il doit me donner 10$! » Et ceux qui veulent lui faire plaisir à Noël ou à son anniversaire savent quoi faire. « À ma fête, j’ai dit à mes petits-fils qu’est-ce que vous allez me donner? Ils ont complètement vidé leur tirelire et ils sont arrivés avec leurs sous pour que je puisse les mettre dans le fonds. »
Les deux filles de Diane, Anne-Isabelle et Sophie, sont elles aussi impliquées depuis le début de l’aventure. Elles ont déterminé la raison d’être du fonds SVP Marie-Bélanger lors de sa création. Elles ont choisi de remettre l’argent recueilli aux organismes qui offrent aux enfants issus de milieux défavorisés des activités éducatives, sportives ou artistiques pour favoriser le dépassement de soi. Diane a du même coup semé des graines chez leurs enfants. L’aîné de ses cinq petits-enfants, Victor 11 ans, siégera sur leur comité l’an prochain pour avoir son mot à dire sur les organismes et les projets à qui donner de l’argent.
Aujourd’hui, le fonds SVP Marie-Bélanger se chiffre à 130 000$. Au cours des treize dernières années, c’est 50 000 $ qui ont été distribués et qui ont permis à des dizaines d’enfants de passer du bon temps. Pas si mal pour une mise initiale de 5 000$. « Je suis fière pour ma mère. Aujourd’hui, son nom est perpétué. Elle est rendue un symbole de générosité. Elle serait tellement fière. »
À l’aube de ses 70 ans, Diane a des projets plein la tête. Elle planche sur un site internet pour faire connaître son fonds. Comme elle est à la retraite, elle compte mettre encore plus d’efforts pour solliciter les gens. Elle veut les convaincre de faire des legs testamentaires dédiés à son oeuvre. Elle-même a pris une assurance-vie dont le bénéficiaire sera le fonds Marie-Bélanger. Dans ses rêves les plus fous, elle aimerait qu’il atteigne les 300 000$.
En plus de contribuer au bien-être des enfants démunis, Diane Bélanger est convaincue que le fonds dédié à sa mère la rend meilleure comme personne. C’est son projet de vie. « Ça me donne un projet commun avec mes filles. Elles prennent ça au sérieux, elles s’impliquent. Je vois dans les yeux de mes petits-enfants qu’ils sont fiers. Ils ne comprennent pas tout, mais ils vont finir par découvrir que le geste de donner nous enrichit. »