Apprivoiser son anxiété grâce au Centre social de la Croix Blanche
Claire Tremblay trouve son bonheur au Centre social de la Croix Blanche, un organisme que nous soutenons. Entourée des intervenants et des autres participants qui vivent des problèmes de santé mentale, elle s’y sent chez elle. En plus de suivre des cours de peinture, elle participe à une foule d’activités pour briser l’isolement. L’aide qu’elle est allée chercher a été salutaire.
Claire a vécu des périodes plus sombres dans sa vie. À l’époque où elle était secrétaire au Gouvernement du Québec, elle a quitté son emploi pour fonder sa famille. Elle a donné naissance à trois beaux enfants. « J’ai vécu quelques épisodes dépressifs. Je trouvais ça difficile de me retrouver toute seule à la maison, de ne pas avoir de contacts avec des gens de l’extérieur. »
Elle repart sur de nouvelles bases en 1987, alors qu’elle fait un retour aux études pour devenir psychothérapeute. Mère monoparentale avec trois adolescents, elle réussit à mener de front ses études à l’aide de prêts et bourses. Pour nourrir sa famille, elle doit même avoir recours aux banques alimentaires.
Aider les autres avant soi
En 1990, son rêve devient réalité. Elle ouvre son bureau de pratique privée en psychothérapie à Québec. « La psychologie m’a toujours intéressée. Quand j’étais secrétaire, je sentais que je n’étais pas à la bonne place, c’est la psychologie qui m’intéressait. J’ai toujours aimé le contact avec les autres, les écouter et les aider à résoudre leurs problèmes. »
Les années passent et ses problèmes d’anxiété refont surface, ses épisodes dépressifs aussi. « Je m’en fais vite avec de petits riens, j’ai de la misère à dormir. C’est difficile pour les gens autour de nous d’écouter les épisodes dépressifs qu’on leur raconte, ils vivent de l’impuissance. »
Elle décide d’aller chercher de l’aide auprès d’une travailleuse sociale et elle entreprend une psychothérapie. C’est à ce moment qu’on lui diagnostique un trouble d’anxiété généralisée.
Faire face aux préjugés
Avec ses problèmes de santé mentale, Claire doit faire face aux préjugés. « En étant moi-même psychothérapeute, les gens trouvent ça bizarre que j’aie des problèmes d’anxiété, puisque j’aide d’autres personnes. Les gens me disent, Claire, tu n’es pas capable de régler ça toi-même? Ça me met une pression. »
Elle doit aussi faire face à ses démons intérieurs qui freinent sa guérison. « Je me sentais bien quand j’aidais les autres parce que je n’étais pas concentrée sur mes problèmes. En fait, j’ai toujours cru que les autres s’en sortiraient, alors que j’étais plus sévère envers moi-même. Je me disais que j’étais différente et que j’aurais de la misère à m’en sortir. »
La Croix Blanche, son repère
C’est l’art qui a attiré Claire au Centre social de la Croix Blanche. L’une de ses amies l’a amené à leur vernissage il y a six ans. « J’ai été impressionnée quand j’ai vu l’ampleur de l’événement organisé par l’organisme dans une bibliothèque de Sillery. »
De quoi réveiller l’artiste en elle. Elle sort ses pinceaux et s’inscrit aux cours de peinture de l’organisme, non sans avoir certaines réticences. « Au début, ça me gênait d’y aller. Je ne voulais pas être identifiée aux personnes qui ont des problèmes de santé mentale, j’avais moi-même des préjugés. Mais je savais que les cours de peinture allaient me faire du bien.»
Bien plus que des cours de peinture
En plus d’expérimenter la peinture, elle trouve un deuxième chez-soi dans la grande demeure du quartier Montcalm où la Croix Blanche a pignon sur rue. « Tout de suite, j’ai aimé l’ambiance, je me suis sentie à ma place. C’est un endroit très humain, avec des gens formidables, comme la directrice générale, Nathalie Gordon, et mon professeur de peinture, Marc Audet. Il nous laisse libres de créer, sans jugement. »
Alors qu’elle fréquente le Centre social de la Croix Blanche depuis six ans, Claire voit tout le chemin qu’elle a parcouru. Aujourd’hui, elle en savoure les bienfaits.
« Ça m’a fait du bien, ça m’a aidée à mieux m’accepter moi-même. C’est rare qu’on parle de nos problèmes dans notre groupe de peinture, on est là pour avoir du plaisir et pour faire le vide. »
Le soutien essentiel de Centraide
Hors pandémie, l’organisme communautaire propose une foule d’activités à ses membres. Ateliers de tous genres, conférences, repas communautaires, activités sportives, sociales, culturelles, il y en a pour tous les goûts. Pour le moment, ces activités sont suspendues en raison de la COVID-19. Seuls les ateliers virtuels sont maintenus. De l’écoute téléphonique est aussi offerte.
Si la Croix Blanche peut offrir de tels services gratuits ou à faibles coûts, c’est grâce au soutien financier de Centraide. De l’aveu même de Claire, de telles ressources d’aide en santé mentale sont essentielles.
« Quand les gens traversent des périodes difficiles, ils vivent de l’isolement. Si je n’avais pas eu la Croix Blanche, je me serais sentie plus seule que jamais. Si ça ne va pas et que j’ai besoin de parler à quelqu’un, je sais que je peux venir prendre un café et que les intervenants seront là pour m’écouter. Comme c’est dans une maison privée, c’est comme un autre chez soi. »
Le soleil en chacun de nous
Aujourd’hui, Claire va mieux. Elle a appris à vivre avec les aléas de la vie et le stress qu’ils engendrent. Même si elle vit avec un trouble d’anxiété généralisée, ça ne l’empêche pas de se dépasser.
Chaque année, elle participe au vernissage avec les autres participants de la Croix Blanche. On lui a même demandé d’être maître de cérémonie il y a deux ans. C’est sans compter les ateliers qu’elle co-anime pour parler de son expérience et du pouvoir d’agir pour se sentir mieux.
Dès que la situation le permettra, elle compte bien reprendre ses cours de peinture qui lui font tant de bien. En attendant, elle peint chez elle ou à son chalet dans le Bas-Saint-Laurent. Quand on regarde la toile sur laquelle elle travaille, il y a du blanc, du gris, avec des lueurs de jaune à travers les nuages.
« C’est un peu à l’image de ce que l’on vit, en ce moment. Le soleil n’est pas visible, mais il est là. Même si on voit du noir, il y a toujours un soleil à l’intérieur de nous. »